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الخميس,25 نيسان, 2024
Lettre du président de la République le général Michel Aoun aux jeunes du Liban
Lettre du président de la République le général Michel Aoun aux jeunes du Liban
04/07/2019
Ma lettre d’aujourd’hui vous est adressée, vous, les jeunes de ce pays, parce que vous êtes le Liban à venir.

Nous avons hérité de nos grands-pères, une belle patrie, mais elle est épuisée et elle exige de nombreux efforts et du travail dans tous les domaines. Nous faisons de notre mieux, avec tous les moyens dont nous disposons, pour vous la remettre dans un meilleur état que lorsque nous l’avons reçue, pour que vous preniez ensuite le relais, avant de la remettre à votre tour, plus belle, à vos enfants puis à vos petits-enfants.

C’est la loi de la vie : chaque génération s’appuie sur les piliers établis par celle qui l’a précédée, tout en cherchant à les améliorer et à les faire évoluer, en les enrichissant de sa propre expérience, de nouvelles connaissances et même en y ajoutant de nouveaux. C’est ainsi que l’humanité a évolué, que les connaissances, le savoir et la culture se sont accumulées et que l’homme a pu atteindre le niveau actuel, faire des découvertes et des inventions qui ont changé la vie.

Oui, vous êtes aptes à acquérir de plus grandes connaissances que celles que nous avons actuellement, tout comme nous l’avons fait avec ceux qui nous ont précédés. Le savoir est une évolution constante et il mène une course permanente avec le temps.

Mais les valeurs, les principes, eux, ne changent pas. Ils sont une constante qui est aujourd’hui en danger. Faites attention, car les valeurs et les principes sont le sel de la société. S’ils tombent, elle tombe aussi.

Tous les hommes sont égaux dans la naissance et dans la mort, mais c’est dans leurs vies qu’ils diffèrent. Les distinctions commencent avec l’apparence et la couleur, l’empreinte de l’œil, celle des doigts et celle de la voix.

Les différences, elles, commencent avec la pensée, l’opinion, l’émotion et l’appartenance.

Ces différences- là, sont plus qu’un droit. Elles constituent le nerf de la vie et celui de l’évolution. Car elles sont la particularité de l’homme, sans laquelle l’humanité n’aurait pas pu avancer, créer et innover. Imaginez un seul instant que tous les hommes, depuis le premier, soient des clones les uns des autres sur le plan de la pensée !  D’ailleurs, s’ils pensaient tous de la même façon, l’Homme serait-il sorti des cavernes ?
 
Les différences sont donc une bénédiction, non une malédiction. Ce qui compte, c’est simplement d’avoir une bonne approche et de savoir les gérer. Additionner nos différences nous enrichit et nous pousse vers l’avant dans tous les domaines. Mais si au contraire, nous laissons nos différences devenir des conflits et pour ne pas les régler, nous nous replions sur nous-mêmes, nous perdons, nous nous appauvrissons et nous régressons.

Une gestion saine du droit à la différence commence par sa reconnaissance, c’est-à-dire reconnaître le droit de l’autre à exister et à être différent, dans sa couleur, son appartenance, sa pensée, ses croyances et son opinion. C’est cela la société humaine à laquelle nous appartenons tous.

 La liberté des croyances religieuses et des convictions politiques est sacrée. Rappelez-vous toujours que la relation entre l’homme et son créateur est verticale et directe. Nul n’a le droit de s’en mêler. Rappelez-vous aussi que la pensée de l’homme libre peut le porter là où il le souhaite et c’est lui seul qui doit en assumer la responsabilité, qu’il soit dans le vrai ou qu’il fasse une erreur.

Après l’acceptation du droit à la différence, vient la liberté d’expression. Elle est aussi sacrée, mais elle a un plafond, la vérité, et des limites, la morale. Chaque homme a le droit de parler de lui, d’exprimer son opinion et ses croyances et d’essayer d’en convaincre les autres avec des arguments et par la logique. Mais lancer des rumeurs et des mensonges ou utiliser le langage des insultes et de la diffamation ne font partie d’aucune liberté. Ils constituent une atteinte aux droits de l’autre, à sa dignité, à sa réputation et à sa crédibilité.

Ce sont là les fondements d’une société solidaire et le rempart qui protège la patrie. Rappelez-vous toujours ces trois éléments : le droit à la différence, la liberté de croyance et d’opinion et la liberté d’expression. Les expériences nous ont appris qu’il s’agit de constantes auxquelles il ne faut pas toucher. Lorsque nous avons été tentés de le faire, nous avons failli perdre notre patrie.

J’espère que vous parviendrez à les enraciner encore plus dans notre pays. Vous réussirez ainsi là où nous avons échoué.